Les Candidats à la nouvelle législature

Les Candidats à la nouvelle législature ; ou les Grands hommes de l'an cinq

Type : poème satirique. Actualité versifiée dans la veine de la Muse historique de Loret

Description : Quatre chants.

Hatin en liste cinq (« 5 nos in-8°, en vers. » Bibliographie historique et critque…, p. 269).
A. Chossonnery, précise que le « No 5 est très rare. » (Catalogue d'une collection importante de livres et pièces rares sur la révolution française, 1887, p. 79).

Aire géographique : Paris

Année : 1797

Titre : Les Candidats à la nouvelle législature ; ou les Grands hommes de l'an cinq.

Suite du Titre : N° 1 : Avec les véritables noms, prénoms et surnoms qu’ils ont acquis pendant la Révolution : Par le cousin-LUC, petit-frère du grand-cousin-JACQUES.

N° 2 : Les candidats chez Benezech [Pierre, ministre de l’intérieur sous le Directoire, 1795] ; ou les grands hommes de l’an cinq.

N° 3 et 4 : Les candidats, ou les grands hommes de l’an cinq.

Rédacteur : le cousin-LUC.

Épigraphes : « Ridiculum acri [fortius ac melius magnas plerumque secat res] » : « Souvent le ridicule attaque plus sûrement et plus fortement que la vivacité » ; trad. Boileau, Œuvres poétiques, 1872, p. 157.

Périodicité : numéros ne sont pas datés ; l’auteur annonce une suite à la fin de chacun. N° 1 « Au chant prochain je vous dirai comment ; Tout se passa chez notre Festoyant [Benezech]. » N° 2 : « Mais, je suis las, et m’endors sur mes roses : Un autre chant vous dira d’autres choses. » Il est possible que la périodicité soit quotidienne :  N° 3 « Ce chant, lecteur, est déjà long, je pense ; Reposons-nous, demain je recommence. » La fin du 4e chant annonce un nouveau départ, sans davantage de précision : « […] Une faveur que je vous conterai ; Au premier chant que je préparerai. En attendant, ronflez tous à votre aise : Je vais dormir, messieurs, ne vous déplaise. »

Collection étudiée : les quatre numéros disponibles.

Pagination : continue.

Format : in-8°

Nombre de pages du numéro : N° 1 : 24 p. ; N° 2 : 21 p. ; N°3 : 28 p. ; N° 4 : 27 p.

Lieu d’édition : « À Paris. Chez Maret, libraire de la Société, ou, à son refus, chez tous les marchands de Nouveautés, et dans toute la République chez les Rieurs. »

Imprimeur : « De l’Imprimerie de R. VATAR, rue de l’Université, n°. 139 ou 926. »

Formes du discours : les chants discréditent les fameux noms de la réaction thermidorienne et de l’opposition au Directoire : en leur attribuant de surnoms, en tournant en dérision leur capacités intellectuelle et en évoquant inlassablement leurs actions depuis 1789. Fonvielle, par exemple ; est moqué en tant qu’homme et en tant qu’écrivain : « On sera peut-être étonné d’apprendre que M. Fonvielle, dont la mise est assez celle d’un quaker, soit l’auteur d’un fort gros livre, intitulé :                                     Comme personne n’en a entendu parler, il est bon d’avertir que ce livre est très profond. Au reste, cet ouvrage est très connu des libraires. »

Orientation politique : les vers ont en point de mire les républicains modérés et les monarchiens, qui mettent également en péril la stabilité de la République et le régime politique du Directoire.

Mentions d’autres journaux :

Chant 1 : le Miroir ; le Postillon des Armées ; le Courrier Républicain ; les Annales littéraires ; le Grondeur ; le Journal de Paris ; les Nouvelles politiques ; « Journal Officiel, dit le Rédacteur » ; le Journal de Paris ;

Chant 2 : le Rédacteur ; La Quotidienne ;

Chant 4 : l’Aurore (dont l’auteur est « M. Grosley »).

Auteurs cités : Montesquieu, Laharpe, Despaze [Joseph], Voltaire, Descartes.

Personnages cités défavorablement : Boissy [d’Anglas], Marat, Chénier [Marie-Joseph], Poncelin, Linguet, Cadroy, Gallais, Langlois, Serisy, Souriguères, Isnard, Riche, Hilarion.

Ouvrages cités : Laharpe, Du fanatisme dans la langue révolutionnaire, Paris, Migneret, 1797 (Chant III).

Contexte politique immédiat : coup d’État du 4 septembre 1797 (18 fructidor an V), contre les républicains modérés et les royalistes du club de Clichy.

Bibliographie :

Almanach des muses, pour l’an VIe de la République française, 1798 vieux style. « Poème satyrique contre les membres de l’assemblée de Clichy. Dans le premier chant, on leur donne à chacun un sobriquet ; dans le second, description d’un festin, où ils sont métamorphosés en différents animaux, etc. Beaucoup de facilité, quelques bonnes plaisanteries. »

Augustin Challamel, Les Clubs contre-révolutionnaires, t. II, 1895, « Le Club de Clichy » pp. 483-506.

A. Chossonnery, Catalogue d'une collection importante de livres et pièces rares sur la révolution française, 1887.

E. Hatin, Bibliographie historique et critique de la presse périodique française, 1866.

J.-C. Martin, « CLICHYENS », Encyclopædia Universalis.

 

Articles curieux :

(Chant I, p. 14) Sur Jean-Pierre Gallais, rédacteur de la Quotidienne et du Censeur des journaux :

« Gallais-Censeur. Dites, le faux apôtre [la note de l’auteur mentionne une « petite brouillerie » entre Gallais et Serizy, car le premier osa « persifler » l’Accusateur public du dernier],

Dit Serizy, l’orateur du bon ton.

Un membre veut qu’il soit Gallais-bâton ;

Langlois dix-Août est pour Gallais-Florence ;

Beaulieu voudrait qu’il fût Gallais-finance.

Tous ces projets ne sont pas bien reçus

Gallais demande et veut Gallais-vertus.

Maret votait pour Gallais-l’incurable,

L’assemblée est pour Gallais-l’impayable. »

(Chant I, note) Sur Mercier :

« Ce gros Mercier qui n’a jamais su se faire remarquer que par des ridicules, un jour, croyant être fort plaisant, disait, en parlant des artistes à la tribune législative : qu’il aimait mieux la représentation de quelques bouteilles et d’un gigot, que les plus beaux tableaux de Rubens … Et puis on est étonné que cet âne en brouette donne des coups de pieds à Descartes, à Voltaire.

Pauvres Mercier ! Bois, mange, rosse ta malheureuse femme, fais de mauvais drames, et tais-toi. »

(Chant I, note) Sur Riche, rédacteur de la Quotidienne  :

« Ce Riche est un des rédacteurs de la quotidienne. C’est un gros garçon tout pénétré de son rare mérite. Il est très persuadé que c’est la quotidienne qui règle les destins de la France. Aussi a-t-il l’air du ministre Vergennes.

Un homme assez obscur nommé Michaud signe cette feuille : mais il est incapable de rédaction et n’est que prête-nom. C’est un ci-devant frère carme.

Ce journal sert plus les jacobins que ne croit monsieur Riche-Vergennes. C’est pourquoi le jacobin-catholique-apostolique Laharpe l’aime si passionnément, qu’il en a fait son égoût déclamatoire. Hilarion attaque dans cette feuille Roedérer si rudement, qu’il lui dit en haut de son trône apostolique, qu’il lui a livré un combat décisif. Roedérer est bien hardi de se mesurer avec l’abbé Laharpe qui ne porte que des coups décisifs depuis qu’il a quitté le bonnet rouge pour prendre le bonnet quarré, car vous saurez qu’il dit la messe. Il n’est pas étonnant au reste que ses coups soient décisifs et mortels, car les prêtres savent tuer leurs ennemis très décisivement. »

 

(Chant IV) En écho au mythe des tricoteuses, le Cousin-Luc raconte l’histoire des femmes des honnêtes gens de Lyon, qu’il nomme « bacchantes » ; en note :

« [Les bacchantes sont] Les femmes des honnêtes gens de Lyon … Lorsqu’on égorgeait les républicains enfermés dans prisons, elles quittèrent les spectacles pour assister à cette horrible boucherie, elles encourageaient les assassins par leurs applaudissements et par leurs cris.

Chaque jour, lorsqu’on égorge dans les rues de Lyon, ces femmes excitent, de leurs fenêtres, les compagnons de Jésus, et lorsque le meurtre est consommé, l’air retentit de leurs acclamations et leurs bravos … Les assassins, tout barbouillés du sang de leurs victimes, vont dans les bras de ces furies, et pour prix de leurs forfaits, ils reçoivent leurs dégoûtantes faveurs.

Les mêmes femmes, sous le régime révolutionnaire, se prostituaient à tous les porte-moustaches … On nous a promis de nous donner les noms de quelques-unes de ces Messalines qui ont le plus donné dans ces débordements, nous en ferons un usage digne de leur gloire. »