Observateur, ou Recueil de lectures (1798)

Observateur, ou Recueil de lectures (1798)

Type : journal d’annonces et de commentaires de l’actualité politique et culturelle.

Aire géographique : Paris.

Année début : 1798.

Année fin : 1798.

Titre : Observateur, ou Recueil de lectures.

Titre alternatif : L'Observateur, ou Recueil de lectures instructives et agréables.

Rédacteurs : Lorens Münter Philipson.

L. M. Philipson (Ystad,1765- Stockholm, 1851) est un médecin et publiciste suédois ; il s’installe à Stockholm en 1791 avant de prendre la plume pour écrire sur la Révolution française qui le passionne. Il publie un journal intitulé Der Patriot entre 1792 et 1794. Ses publications sont régulièrement l’objet de la censure en raison de ses opinions qualifiées de radicales.

Traduction résumée de l’article Wikipédia en allemand :

Épigraphes : Peregrinatus est animus ejus ; In nequitia non habitabat ; - Nec habitabit unquam. [Valère Maxime ; déjà cité par le Vieux Cordelier de Camille Desmoulins]

Prospectus :

Avertissement (extrait) :

« Observer, c’est remarquer ce qui se passe et ce qui se produit. Chacun aura sans doute son champ d’observation ; et moi, j’aurai le mien. Quel sera-t-il ? Sur quoi votre Observateur portera-t-il ses remarques et ses réflexions ? Sur les événements du temps ? Oui. Sur les productions de l’esprit en Morale et en Politique, en Sciences et en Arts ? Oui, et quelquefois même sur ce qui n’intéresse proprement que la curiosité ; de manière à procurer une lecture à la fois instructive et agréable. Voilà mon projet et mon but. »

Périodicité annoncée : en deux Parties, « La Seconde Partie de ce Recueil paraîtra incessamment. »

Périodicité réelle : seule la 1re Partie est disponible.

Collection étudiée : la 1re Partie.

Pagination : continue.

Nombre de pages du numéro : le Recueil contient 115 p.

Format : in-4°

Lieux d’édition : Stockholm

Imprimeur : Kumblin

Souscription : pas de mention de souscription ; le rédacteur espère dans son Avertissement « trouver un nombre assez grand de Lecteurs raisonnables » à Stockholm, la langue française y étant « la plus généralement connue de toutes les langues étrangères. »

Contenu annoncé : l’Avertissement débute par « Observer », il entend rapporter et commenter l’actualité :

« Je tâcherai de remarquer tout, et de communiquer, en ce Recueil, tout ce que je trouve dans mon portefeuille, dans mes lectures et dans mon esprit […] » Or, les sujets ne sont pas exclusivement politiques ; le rédacteur entend faire connaître au lecteur suédois les ouvrages périodiques des autres observateurs européens :

« Il paraît dans tous les pays de l’Europe un nombre d’ouvrages périodiques, rédigés par des hommes très judicieux et d’excellents observateurs. Il y en a, qui sont fort peu connus ici, ou qui ne le sont pas du tout. Je prends à tâche d’en faire connaître ce que j’y trouve du mieux. »

Contenu réel (rubriques) : les sujets abordés sont titrés comme suit :

Analyse d’un ouvrage français sur l’homme physique et morale.

Épître aux Femmes.

Réflexions sur cette Épître.

Tableau politique de l’Europe.

Caractère de Potemkin.

Réflexions sur une Annonce dans une Gazette allemande, imprimée à Pétersbourg.

Les talents, pour la conversation, de plusieurs Hommes célèbres de ce siècle.

Peinture des malheurs de la défiance.

Épître à Virgile-Delile.

Choix de pensées diverses de Montesquieu.

Déclamation contre l’usurpation d’Auguste.

Observations sur la piraterie moderne des Puissances belligérantes.

Mentions d’autres journaux : Die neueste Weltkunde [La plus récente science du monde], journal allemand dont le rédacteur est M. Posselt (p. 40, Tableau politique de l’Europe).

Le Nord Littéraire, physique, Politique et Moral, ouvrage périodique dont le rédacteur est M. Olivarius, professeur à Kiel (p. 40, Tableau politique de l’Europe).

Gazette allemande de Pétersbourg (p. 56, Réflexions sur une annonce qui se trouve dans une Gazette allemande, imprimée à Pétersbourg.)

Auteurs cités : Diderot, Rousseau, D’Alembert, La Fontaine, Corneille, Condorcet, Cerutti, Ducis, Marmontel.

Articles curieux :

LES TALENTS, Pour la conversation, de plusieurs Hommes célèbres de ce siècle.

Note écrite en 1789 et trouvée dans le portefeuille d’un homme du monde, qui a vécu familièrement avec les hommes dont il parle.

J’ai rencontré dans le monde plusieurs hommes célèbres. Chacun avait une tournure d’esprit différente, et cette différence se ferait sentir dans leur conversation. Je les ai beaucoup observés ; car je suis entré jeune dans la société, et j’ai longtemps fait le rôle d’écouteur. Aujourd’hui que je me rends compte de ces observations, il m’a semblé que l’on aurait un prodigieux avantage, soit comme homme du monde, soit comme orateur, si l’on était venu à bout de réunir : […] La tournure piquante, élégante, académique de l’abbé Delile. […] L’accent bas, calme, profond, gascon et léger, le ton de découverte, l’œil roulant ou fixe, la manière de lever la tête, de plier le front, de Garat. […] L’air d’un homme à part, isolé, le ton bonhomme qui conte des histoires et sème les vérités, de Buffon. […] La manière de conter de D’Alembert. […]  L’entretien contenu et bien français de Marmontel. […] La tournure simple, mais supérieure et entièrement exempte de ce qu’on appelle misères, l’esprit sérieux, étendu, calculateur, géomètre, instruit dans tous les genres, l’habitude constante et l’amour des détails, la facilité d’y apporter une philosophie saine, des vues politiques et administratives, une connaissance du cœur humain, un peu de malignité même dans les récits, de Condorcet. […]

Rousseau avouait souvent les obligations qu’il avait à Diderot, celui de tous les hommes, qui par la parole influait le plus puissamment sur ceux qui l’écoutaient, celui dont on a dit que la conversation valait mieux qu’un livre, par ce qu’elle instruisait et persuadait, ce que les livres ne font pas toujours. Lorsque Diderot n’avait à dire que des choses ordinaires, ou de peu d’effet, il prenait un ton doux et clair.

Rousseau brillait peu lui-même dans la conversation, comme La Fontaine et Corneille ; et son entretien ne laissait pas même soupçonner ce style énergique, impétueux ou touchant qui caractérise ses écrits. Il avait, comme on l’a dit, une pesanteur maxilliaire [sic] qui contrastait avec sa réputation. Mais au défaut de la parole, son regard était toujours éloquent, et l’on sentait bien, en le voyant, que ce regard n’était pas d’un homme ordinaire. Dans la conversation même il ne se négligeait jamais. Il ponctuait singulièrement bien toutes ses paroles, à moins qu’un sentiment ne l’agitât et ne le fit sortir de lui-même. Il parlait quelquefois avec chaleur ; ce n’était pas de la chaleur d’éclat ; c’était une chaleur concentrée qui agitait ses membres.