Le Junius français, journal politique

Le Junius français, journal politique

Type : journal politique d’information.

Aire géographique : Paris.

Année début : 1790.

Année fin : 1790.

Dates extrêmes : 2 juin – 24 juin 1790.

Titre : Le Junius français.

Suite du Titre : Le Junius français, journal politique.

Remarque sur le titre : Lucius Junius Brutus et Marcus Junius Brutus sont deux personnages de l’histoire romaine engagés dans la lutte contre la tynannie, celle de Tarquin et de César, respectivement. Le pseudonyme de Junius avait été employé par un pamphlétaire anonyme anglais vers 1770 dans une série de lettres critiques du gouvernement de George III (Letters of Junius).

Modification du Titre : à partir de la livraison 4 du 7 juin :  Le Junius français, journal politique ; Par M. Marat, Auteur de l’Ami du Peuple.

Fondateur et rédacteur : Marat

Épigraphe : pas d’épigraphe.

Prospectus :

Le journal ne présente pas de prospectus proprement dit. Le premier article de la 1re livraison, intitulé Adresse aux Parisiens et qui dénonce la pusillanimité de ces derniers, dévoile l’intention du journal dans son dernier paragraphe :

« […] O Parisiens ! Quelque bizarre que ce rôle paraisse aux yeux du sage, votre ancien ami ne dédaignera pas de le prendre, il n’est occupé que du soin de votre salut ; pour vous empêcher de retomber dans l’abîme, il n’est point d’efforts qu’il ne fasse, et toujours le Junius Français sera votre incorruptible défenseur, votre défenseur intrépide. »

Les intentions du rédacteur sont explicitées à la page 8 des neuf premières livraisons.
En voici le contenu :

« Ce journal est particulièrement destiné à suivre les sourdes manœuvres des ennemis de la révolution, à dévoiler leurs relations avec les cabinets étrangers, d’éventer les complots des traîtres à la Patrie, à servir de cris d’alarme, à déconcerter leurs noirs projets.

On y rendra compte en raccourci des travaux de l’Assemblée nationale ; l’historique de ses séances sera suivi de réflexions adaptées au sujet, du portrait des auteurs des motions les plus importantes, de celui des ministres et des personnages les plus remarquables dans l’histoire de la révolution. Enfin on y rapportera les évènements nouveaux propres à piquer la curiosité publique. »

Ce texte ne figure plus à partir de la livraison 10 du dimanche 13 juin.

Il est suivi d’un « Avertissement », qui paraît du 9 au 13 juin, p. 8 : « Toutes les relations, informations et dénonciations que nos lecteurs désirent voir paraître dans ce Journal, doivent être adressées avec signature, à l’hôtel de la Feutrière, rue de l’Ancienne-Comédie. »

L’avertissement ne figure plus à partir du 21 juin.

« ERRATA » : livraison 12, du 23 juin.

Périodicité annoncée : quotidien, « La distribution de ce Journal se fera chaque matin rue Contrescarpe-Dauphine », mention insérée à la page 8 des livraisons 1 à 6.

Livraison 7, p. 8 : « La distribution de ce Journal se fera chaque matin rue Gît-le-Cœur, hôtel Saint-Louis : et on trouvera des collections rue Contrescarpe-Dauphine, no 3. »

Livraison 8 à 10, p. 8 : « La distribution de ce Journal se fera chaque matin rue Contrescarpe-Dauphine, no. 3. On y trouvera des collections. »

Livraison 11 à 13, p. 8 : « La distribution de ce Journal se fera chaque matin chez Madame Meunier, rue Gît-le-Cœur ».

Périodicité réelle :

Quotidien.

Le journal, néanmoins, ne paraît pas le samedi 5 juin et le dimanche 6 juin : la numérotation est erronée pour le vendredi 4 juin (et donc non le 3 juin comme mentionné).

Le journal reprend le lundi 7 juin, s’arrête après la livraison 10 du dimanche 13 juin et ne reprend que le mardi 22 juin (livraison 11).

Collection étudiée : les 13 livraisons disponibles en ligne.

Pagination : par numéro

Nombre de pages du numéro : 8 pages.

Format : in-8o

Lieux d’édition : Paris

Imprimeur :

Du 2 au 4 juin : « Guilhemat et Arnulphe, Imprimeurs de la Liberté, rue Serpente, no. 23. »

Lundi 7 juin : « De l’Imprimerie de G. Rivet, rue S. Thomas, no. 23, près le Luxembourg. »

Du 8 au 13 juin : « De l’Imprimerie de G. A. G. Rochette, rue Saint-Jean-de-Beauvais, nos. 37 et 38. »

Du 22 au 24 juin : « De l’Imprimerie de P. André, Imprimeur du District de l’Abbaye S. Germain des-Prés, rue de Savoir, no. 10 »

Souscription : pas de mention de souscription.

Contenu annoncé : dénoncer les ennemis de la Révolution et dévoiler leurs complots ; rendre compte des travaux de l’Assemblée nationale, et rapporter les événements nouveaux et curieux.

Contenu réel (rubriques) : le contenu de la livraison est annoncé dans le frontispice : le titre des articles suit la date de la livraison, et précède le premier article. La rubrique Assemblée nationale est récurrente.

Titres occasionnels : Adresse aux Parisiens ; Nouvelle intéressante ; Anecdote scandaleuse, etc.

Formes du discours : Marat dénonce violemment ceux qui œuvrent contre les intérêts de l’Assemblée. Un article intitulé Dénonciation, entend livrer « à l’indignation publique le sieur Delval, valet-de-chambre du duc de Bourbon, pour avoir prostitué l’habit de la garde Parisienne, en allant de maison en maison clabauder contre les sages décrets de l’assemblée nationale, et colporter des écrits anti-révolutionnaires dont il a toujours ses poches remplies. »

Marat fait usage d’un langage fort et accusateur, qui entend déshonorer, et ridiculiser, les ennemis de l’Assemblée : indignation, scandaleux, alarmant, imbéciles, tragique, perfides courtisans, faux frères, fourberies politiques, satellite royale

Orientation politique : révolutionnaire

Mentions d’autres journaux : Gazette universelle (N° II). L’Orateur du Peuple (N° XI à XIII : « Défense de l’Orateur du Peuple, par l’Ami du Peuple »).

Personnages cités favorablement : M. de Robertspierre, La Fayette.

Personnages cités défavorablement : M. l’abbé le Clerc ; le sieur Royer ; le Sieur Albert de Rioms.

Contexte politique immédiat :

Juin 1790 - L’abbé Royou publie, le 1er juin, l’Ami du roi, pour soutenir la monarchie.

Abolition, le 19 juin, de la noblesse héréditaire et des titres honorifiques par l’Assemblée.

Bibliographie :

Hatin, Bibliographie historique et critique de la presse périodique française, Paris, 1866, p. 101 :

« Voy. t. 6, p. 70. Je n’en connaissais alors qu’un n° ; je l’ai depuis rencontré complet à la bibliothèque du Corps législatif, dans le recueil que je viens de citer, recueil des plus importants, et dont un volume entier est rempli des productions de Marat. Le nom de Marat ne paraît qu’au 4e numéro, mais, par une note plusieurs fois répétée dans l’Ami du peuple, il revendique la paternité des trois premiers numéros comme de tous les autres. »

Articles curieux :

N° II, p. 6 : « Anecdote nouvelle du patriotisme du sieur de la Tour du Pin, pacha à une queue, et des officiers du régiment des Chasseurs de Lorraine. Durant les apprêts de la conspiration du 5 octobre, on avait eu la précaution de faire arriver à petit bruit, aux environs de Versailles, de gros détachements des troupes de ligne, qui avaient fait preuve de bonne volonté. Deux escadrons des Chasseurs de Vaudemond s’étaient réunis aux gardes du Corps à Rambouillet : or c’est un fait très constant, que les officiers de ces escadrons venaient, chaque matin, déguisés en bourgeois, prendre les ordres du pacha la Tour du Pin. »