Le Censeur des journaux

[Notice par G. Eljorf]

Type : quotidien généraliste.

Rédacteurs : Jean-Pierre Gallais, Jean-François (?) Langlois, A. L.

Aire géographique : Paris.

Dates extrêmes : 28 août 1795 - 4 septembre 1797.

Titre : Le Censeur des journaux

Suite du titre : la première de couverture de la 2e année (qui débute le 22 septembre 1797), est titrée : « Le Censeur des journaux, ou Histoire de deux années de la Révolution ».

Épigraphe : « Parcere personis, dicere de vitiis. MART. » (Épargner les individus, dénoncer les vices!), Martial, Livre X, épigramme 33. Même épigraphe que pour l’Année littéraire, et les Lettres sur quelques écrits de ce temps, de Fréron.

Prospectus : « […] Ce journal, indépendant de tous les partis, deviendra l’index de la politique et de la littérature ; il conciliera les excès de l’écrivaillerie, comme dit Montaigne, avec l’expansion des lumières, la liberté de la presse avec les principes d’un gouvernement juste. Il sera le tribunal d’opinion où seront cités, sans exception comme sans pitié, les ambitieux de toutes les classes, les meneurs de tous les partis, les aristocrates masqués, les royalistes enragés, les valets du peuple, les flatteurs du gouvernement, les fonctionnaires ineptes, les journalistes mensongers […]. Le Censeur des Journaux ne sera pas l’ami des journalistes : qu’importe, pourvu qu’il soit l’ami de son pays […]. Il se tiendra constamment renfermé dans les bornes de la décence, des mœurs et de l’urbanité, si nécessaires à tout écrivain qui s’engage à défendre les lois et l’honneur de son pays. »

Périodicité  : quotidienne.

Collection étudiée : collection BnF complète.

Pagination : par numéro.

Nombre de pages du numéro : 4.

Format : in-4°sur 2 colonnes.

Lieu d’édition : Paris.

Impression : « De l'Imprimerie du Censeur » ; Paris.

Souscription : « L’abonnement est de 50 liv. pour trois mois et de 100 liv. pour six mois. »

Lieu d’abonnement : « On s’abonne au bureau du journal, rue Saint-Dominique, n° 1517 ; chez Maret, Libraire, Cour des Fontaines ; et chez les principaux libraires et directeurs de poste. » (Prospectus). Dans l’ « Extrait du Prospectus » (n° 1 du 28 août 1795), Gallais précise que le « Bureau du Journal » est situé « rue de la Croix, n° 13, chez Maret ».
Un « Avis » est régulièrement publié à partir du 30 août 1795 : « Ce journal, dont l’abonnement est fixé à 50 liv. pour trois mois, paraît tous les jours, depuis le 11 fructidor. On s’abonne, chez l’Auteur, rue de la Croix, n° 13, au Marais ; chez Maret, libraire, Cour des Fontaines, et chez tous les libraires et directeurs de postes. »

Contenu annoncé : rendre compte séances de la Convention, des nouvelles étrangères, de la situation de Paris. Donner l’extrait des brochures nouvelles et des spectacles.

Rubriques régulières : Tableau de l’Europe ; République Française, De Paris ; Convention nationale ; Corps législatif ; Conseil des Cinq-Cents ; Conseil des Anciens ; Cours des changes ; Bourse.

Rubriques occasionnelles : Au Rédacteur, Au Censeur ; Annonces.
Formes du discours : politique et littéraire ; la critique des autres journaux est centrale. La rubrique « République Française. De Paris » est la voix politique et philosophique des rédacteurs.

Orientation politique : Gallais veut afficher l’image du patriote neutre, soucieux de la vérité et ennemi de l’erreur et de l’extravagance. Lui-même victime de la censure, il devient censeur car il ne croit plus en la sincérité de la presse de tout bord : il attaque indifféremment les républicains et les « désolés royalistes » (4 septembre 1795). Curieuse métamorphose du personnage de Gallais (personnage et non personne, car on n’imagine pas que ses convictions aient évolué, et qu’il ait cessé d’être royaliste). Gallais n’épargne même pas La Quotidienne, dont il fut rédacteur jusqu’en juillet 1795 (il y signe un dernier article dans la llivraison du 21 juillet 1795, son nom disparaît ensuite), un mois avant le début du Censeur.

Mentions d’autres journaux :

  • Abbréviateur (28 avril 1796)
  • Accusateur public
  • Ami des lois (24 octobre 1795, 2 mai 1796)
  • Annales de la Religion
  • Batave
  • Bulletin républicain
  • Correspondance politique
  • Courrier de l’égalité (30 avril 1796
  • Courrier français
  • Courrier républicain (24 octobre 1796)
  • Courrier Universel
  • Courrier de Paris
  • Courrier républicain
  • Décade philosophique (10 juin 1796)
  • Gardien de la Constitution (27 avril 1796)
  • Gazette française
  • Gazette nationale de France
  • Gazette universelle
  • Journal de Paris (10 janvier 1797)
  • Journal des Frères Chaignieau (4 septembre 1795)
  • Journal des Hommes Libres (24 avril 1796)
  • Journal des lois
  • Journal des Patriotes de 89 (19 mai 1796)
  • Journal du Bon-Homme Richard
  • Mercure universel
  • Messager (7 juillet 1797)
  • Miroir (3 mai 1796)
  • Moniteur
  • Morning chronicl [sic] (13 février 1796)
  • Nouvelles politiques (25 avril 1796)
  • Postillon des armées
  • Publiciste philanthrope (27 avril 1796)
  • Quotidienne (« On voit encore à travers les lambeaux qui la couvrent, les restes de son ancienne gloire ») (29 août 1795)
  • Sentinelle (24 février 1796)
  • Soirées littéraires (25 avril 1796)
  • Véridique

Lieux mentionnés : Amsterdam, Coblentz, Londres, La Haye, Madrid.

Auteurs cités : J. J. Rousseau ; Voltaire ; Montaigne.

Personnages cités favorablement : abbé de Saint-Pierre, Bayle, Gracchus Babeuf, Mably, Helvétius (24 février 1796)

Personnages cités défavorablement : Louis XV, Henri VIII, M. Pitt, Tallien, Chénier (Marie-Joseph), Charles Duval, Louvet.

Contexte politique général : la Convention nationale (thermidorienne) vit ses derniers mois. La Constitution du 5 fructidor an III (22 août 1795) est adoptée par la Convention ; elle établit le Directoire qui succédera à la Convention nationale.

Contexte immédiat : accord de paix entre la République française et le prince de Hesse-Cassel à Bâle (28 août 1795).

Censure : le 14 février 1796 : « Le Censeur est arrêté comme conspirateur. Trente heures après il est mis en liberté, parce qu’il n’a pas conspiré. Mais qui a jugé ces deux questions ? » Il ne peut pas s’agir du journal, paru le 13 février, mais d’un des deux rédacteurs, Gallais ou Langlois, accusé de conspiration. Le journal est définitivement supprimé par arrêté du Directoire le 18 fructidor an V (4 septembre 1797).

Bibliographie :
A. Mahul, Annuaire nécrologique, ou Supplément annuel, 1e année (1820).
E. Hatin, Histoire politique et littéraire de la presse en France, T. IV (1860) et T. VII (1861).
J. P. H. R. Capefigue, L’Europe pendant le consulat et l’empire de Napoléon, 1840.

Accessibilité : version numérisée sur Gallica via Retronews. La livraison du 14 novembre 1795 manque.

Article curieux :
25 avril 1796, p. 3-4 :

AU CENSEUR.
Elle est aimable, en effet, votre correspondante du département de l’Aisne ! Avec quel plaisir j’ai sa dernière lettre ! Quelle légèreté de pinceau ! Quel choix de couleurs ! J’en suis si enchanté que je vous prie de lui faire passer, par votre journal, et mes remerciements, et cette lettre.
AIMABLE INCONNUE,
Habitant, comme vous, d’une campagne auprès d’un village, je m’instruis et me récrée quelques fois en lisant le Censeur ; mais rien ne m’a jamais tant plu, ni dans le Censeur, ni ailleurs, que votre charmante lettre du 14 germinal. Je ne vous en ferai pas de compliments : je hais le ton d’éloge, et je ne suis pas adroit à faire ma cour aux femmes ; mais je dois vous prévenir que devant aller bientôt dans votre département, j’ai pris la résolution de visiter la Chaumière Indienne. Je dois vous dire encore que votre lettre a fait un miracle ici, et produit un changement tel que Saint-Paul ou J. J. Rousseau pourraient s’en faire honneur.
J’étais allé prendre mon Censeur en ville ; je dévorai votre lettre. J’allai voir ensuite un de mes amis, qui avait nombreuse société, et surtout des femmes à paquets dorés, à robes en porte manteaux, à perruques blondes, et à simulacre de gorge. On me demanda des nouvelles : je lus le Censeur. Comme je ne lisais pas vite, j’avais le temps d’examiner : je vis des femmes rougir, d’autre se prendre les oreilles, quelques-unes rire de bon cœur ; mais toutes convinrent que vos observations étaient justes. On s’en prit à la mode. La mode, leur dis-je, ne fut jamais de vous enlaidir. Soyez ce que vous êtes, mesdames ; et laissez les paquets aux bossues, et les boucles d’oreille aux sauvages ….
Le lendemain il n’y avait plus ni perruques, ni paquets ni chaînes ; tout était rentré dans l’ordre de la nature. C’est une victoire complète.
Continuez donc, charmante inconnue, de frapper sur nos ridicules ; opérez une révolution dans les modes : celles-là ne font point couler de sang. Honorez, embellissez votre sexe ; et méritez tous les hommages du nôtre.
D’une campagne du département du Puy-de-Dôme
Un de vos abonnés