Isaac Cornuaud

 
Isaac CORNUAUD (1743-1820) est le descendant d’une famille originaire de Moncoutant en Poitou, qui a quitté la France à la suite de la révocation de l’Édit de Nantes, pour trouver refuge à Genève en 1697. Le jeune Isaac ne pouvait exercer certains métiers interdits aux natifs, c’est-à-dire les étrangers reconnus par l’État en tant qu’habitants (par opposition aux citoyens bourgeois, jouissant quat à eux de tous les droits de citoyenneté). Il a donc dû exercer le métier de monteur de boîtes, comme son père. Il commence à s’intéresser à la chose politique à partir des années 1770, et embrasse la cause des natifs contre les représentants bourgeois, dont il abhorre l’arrogance.
Sa passion pour les mathématiques le pousse à abandonner l'atelier, pour devenir un maître d’arithmétique en 1774. Il embrasse ensuite la politique suisse en s’alliant aux Constitutionnaires du parti aristocratique pour faire front face aux Représentants. En septembre 1782, il est nommé directeur des Messageries en France par le comte de Vergennes. Il acquiert le titre de bourgeois de Genève en 1784, puis se rend à Paris avec plus de confiance que lors de son premier voyage, effectué lorsqu’il était encore tout jeune : il y retourne maintenant avec le titre de chef de parti politique.
Mallet Du Pan, journaliste et monarchiste genevois, souhaitait mettre le talent d’Isaac Cornuaud au service de la cause de la royauté. Corunaud répondit favorablement à son appel et le rejoignit donc à Paris le 15 novembre 1791. Il y publie, avant la fin de la même année, dix-neuf brochures, de huit pages chacune, ayant un titre principal, Le Questionneur anglais. Mais Cornuaud, désillusionné et ayant perdu tout espoir dans la capacité des royalistes à réagir, interrompt la rédaction du Questionneur et regagne Genève au printemps 1792.
Lecteur avide de Voltaire et de Rousseau, il admire le génie du premier et la chaleur du style du second. Les brochures du Questionneur portent l’empreinte d’une riche culture littéraire et politique. À Voltaire et Rousseau, s’ajoutent Montesquieu, D’Alembert, Racine, Corneille, Boileau, Shakespeare, mais également La Fayette, Cromwell… : tous contribuent à la machine des idées réactionnaires du Questionneur qui tendent à rappeler aux Français une histoire monarchique ancienne et glorieuse, qu’une folie populacière – pour emprunter le terme de Corunaud  – œuvre à déraciner.
De ses écrits postérieurs, on peut retenir : 

  •  Lettre aux Genevois, au sujet de l’égalité politique, 6 décembre 1792.
  • Lettre au sujet de l’égalité politique, adressée aux citoyens égaliseurs genevois, 11 décembre 1792.
  • À mes Concitoyens, 1793.
  • Le Patriotisme éprouvé, 1794.

 
Voir aussi notice du Questionneur anglais.
[Ghazi Eljorf]