INVISIBLE. JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE ET MORAL
Ghazi Eljorf [18/11/2017]
Page en construction
Aire géographique : Paris
Type : Quotidien généraliste
Année début : 1797
Année fin : 1797
Dates extrêmes : 20 mai 1797-: 3 septembre 1797
Titre : L’Invisible. Journal politique, littéraire et moral
Poursuivi par : L’Avant-coureur : journal politique et littéraire (rédigé par Esménard)
Épigraphe : « Infert se, septus nebulá, mirabile dictu ! Per medios, miscetque viris; neque cernitur ulli. VIRG.». N° 92, 19 août, p. 367 : « Traduction libre de l’épigraphe de ce Journal / D’un nuage entouré, chose incompréhensible ! / Même au milieu des gens, l’auteur est invisible. / J. M. Av… » [Enéide, I, 439-440]
Adresse : Prospectus : «Le Bureau de l’INVISIBLE est rue du Four Saint-Honoré, n° 447, maison de Leger, Notaire, au second. Il est ouvert tous les jours, depuis 9 heures du matin jusqu’à 4 heures du soir.»
Prospectus : 2 pages
Périodicité réelle : quotidien
Collection étudiée : Bnf, 4-LC2-954, collection complète, 107 livraisons, 428 p.
Pagination : continue.
Nombre de pages du numéro : 4
Format : in-4°, « une demi-feuille d’impression in-4° de papier et beaux caractères. » (Prospectus)
Éditeur : n°1-n°4 : « L’Invisible. », n°5-n°7 « Cherau, Éditeur. »,n°8-n°107 : « Chereau, Éditeur. »
Imprimeur(s) : Paris, Imprimerie du Pont, rue de l’Oratoire (20 mai-18 juin 1797); Imprimerie de l’Invisible (19 juin-3 septembre 1797)
Abonnement : « Le prix de l’abonnement est de 9 francs pour trois mois, 17 francs pour six mois, et 33 francs pour l’année. On s’abonne à Paris, au Bureau de l’INVISIBLE, et dans les Départements, chez les principaux Libraires et tous les Directeurs des postes. » (Prospectus)
Auteur : Fabre d’Olivet, Antoine
Contenu annoncé : le rédacteur annonce sa stratégie dans le prospectus : « […] l’INVISIBLE, guidé par le double flambeau de la Philosophie et de la Vérité, sourd aux clameurs des factions, saura se frayer entre tous les partis une route impartiale. Fort de sa conscience et usant du droit sacré d’exprimer sa pensée, il honorera la vertu de quelque côté qu’elle se trouve, et poursuivra le vice sous quelques couleurs qu’il se cache. Enfin son ouvrage sera pour l’homme sans préjugés un guide aussi sûr que fidèle. » (c’est moi qui souligne)
Contenu réel (orientation éditoriale) : présence constante de la littérature (poésie, charades et logogriphes.) L’article Morale héberge les questions philosophiques. Communication permanente avec les lecteurs par le biais de leur courrier
Contenu réel (rubriques)
• Rubriques régulières :
Politique : Nouvelles étrangères
République : Nouvelles intérieures
Corps législatif : Conseil des Cinq-cents
Conseils des Anciens
Littérature (à l’exception de la 1ère livraison.)
Spectacle (idem.)
Charade (Absente dans les livraisons 1, 92, 98; remplacée parfois par Logogriphe)
• Rubriques fréquentes :
Morale
Variétés
Paris.
Bourse
Avis
• Articles occasionnels
Nécrologie
Anecdote
Mention d’autres journaux : La Quotidienne (n° 48, 6 juill. 1797); Le Mercure (n° 92, 19 août 1797)
Personnages cités favorablement : Delisle de Sales, Jean-Baptiste-Claude
Mots caractéristiques : bague, charade, généalogie, logogriphe, musique, philosophisme
Contexte politique immédiat : au Directoire (mai) deux royalistes, Pichegru et Barbé-Marbois, dirigent les Conseils. Babeuf est condamné à mort; (juillet) négociations franco-anglaises entre Malmesbury et Maret; (août) La Révellière-Lépeaux est président du Directoire. La conjoncture économique est bonne
Historique du journal :
Bibliographie : Hatin, Bibliographie historique et critique, p. 274
Cote : Bnf, 4-LC2-954. Numérisation Gallica
Articles curieux
N° 38, 17 juin
« VARIÉTÉS
L’Invisible n’est point l’ennemi des plaisirs et des modes : s’il se montre quelquefois un peu sévère, sa sévérité n’aura rien de farouche; il sait qu’on peut aimer la vertu sans afficher une austérité ridicule. L’austérité affectée masque une âme hypocrite et dénote toujours moins de modestie que d’orgueil. Le philosophisme, cet enfant adultère de la vraie philosophie, qui loin de corriger les mœurs, les a tant perverties, affectait le dehors le plus bizarre et le costume le plus rebutant. Son règne est passé; la beauté et la jeunesse doivent tribut à la mode; les sages même ne peuvent se dispenser de décence et de propreté. Il est un luxe pour la vertu. Les superbes tapis de Platon et la demeure voluptueuse où Aspasie instruisait Alcibiade et Périclès valent mieux que le sale tonneau de Diogène ou le lit nuptial de la cynique Hipparchie
MODES
POUR LES FEMMES. Robes blanches, violettes, bleu-ardoises, gros-bleu, chamois, avec ouverture en triangle sur le sein, et collet à l’antique, comme ceux d’hommes
Coiffure. Perruque de couleur châtain-clair ou blond-cendré, chignons tressés, chapeaux-[spinser], toquets attachés sous le menton avec un velours noir
Chaussure. Bas gris de fer ou ardoise à coins aurore; souliers plats
POUR LES HOMMES. Les habits carrés commencent à disparaître; les tailles amincies et les basques plus étroits ont rendu à l’habit cette tournure leste et dégagée qui en fait l’ornement; boutons d’acier à losange ou octogone
Coiffure. Cheveux courts, chapeaux ronds, forme haute ornée d’une ganse noire de soie plate ou en chapelet
Chaussure. Les boucles d’argent commencent à reparaître. »
N° 94, 20 août
« VARIÉTÉS.
….. Lisez-vous le Mercure ?
Qui ! Moi ! Jamais. Tant pis vraiment; bonne lecture
Lisez-vous nos cent soixante journaux ? – Non. – Et comment vivez-vous donc ? Vous ne savez donc pas les nouvelles ? Vous ne savez donc pas si l’horizon politique est obscur ou serein, si les partis se menacent, s’injurient, se déchirent ? – Non. – Vous ne savez donc pas mille choses intéressantes, divertissantes, amusantes ? Non. – Quel homme ! Et comment faites-vous pour exister sans lire les journaux ? Moi, je ne passerais pas un jour sans en couler à fond une centaine au moins. – Vous avez une imagination robuste à ce qu’il me paraît; pour moi, je ne vous ressemble pas; j’ai lu quelquefois ces journaux que vous me vantez; mais leur partialité, leur affectation à se jeter dans les partis extrêmes m’en ont dégoûté. Les journalistes sont toujours au-delà du vrai, et j’avoue qu’il serait difficile qu’ils fussent autrement; ils ont besoin de se faire lire, et pour y parvenir ils doivent flatter les passions des hommes. Ils commencent presque tous par dire la vérité; mais le premier pas qu’ils font d’un ou d’autre côté en entraîne mille. S’ils ont dit une fois un seul mot en faveur d’un parti, ils doivent en dire deux, et continuer progressivement. Un journal ressemble à une pièce de théâtre qui, pour être bonne, doit augmenter d’intérêt depuis l’exposition jusqu’à la catastrophe; le trouble doit croître de scène en scène dans une tragédie, comme de page en page dans un journal : s’il en arrive autrement, le spectateur ou le lecteur refroidissent, et le dégoût s’empare de leur âme. Mais s’il est assez indifférent d’être entraîné au théâtre par un ouvrage dramatique, il n’en est pas de même d’être influencé sur les affaires politiques; les journaux causent en ce sens des maux irréparables. C’est pour n’en être pas la victime que je m’en abstiens, ou que je lis tantôt l’un tantôt l’autre pour ne pas prendre malgré moi une opinion qui ne serait pas la mienne. »
N° 6, 25 mai
« Charade
Sur le Rhin Pichegru sut trouver mon entier,
Au sénat Pichegru mérita mon premier
Et partout Pichegru se montre mon dernier
L. .. »
Réponse : Passage
N° 51, 9 juillet
« Charade
LISETTE sans rougir, d’une manière honnête,
Prend mon second de mon premier ;
Et de son vieux époux voulant orner la tête,
Y met décemment mon entier
F. O. »
Réponse : Amidon